Bissimillahi Arahamani Arrahimi !
Inna lilahi wa inna lilahi rajioun !
Allahou Akbar !
Président Mamadou Tandja,
En m’inclinant pieusement devant toi, et avec toute l’humilité que requiert la présente cérémonie chargée d’émotion et de chagrin, je voudrais, au nom de l’ensemble de tes compagnons d’armes, de tes collaborateurs, de tes parents et amis ici rassemblés pour te dire Adieu et prier Allah, le Tout Puissant, le tout Miséricordieux, le très Miséricordieux, pour qu’Il t’accueille dans Son Paradis Eternel.
« Baba Tandja », pour la dernière fois donc, nous voici réunis autour de toi, ta famille et tous ceux qui, et ils sont nombreux, très nombreux, t’ont connu à travers la longue et exceptionnelle carrière qui fut la tienne !
Une carrière successivement militaire, administrative, diplomatique et politique ; une carrière à tous points de vue bien remplie et menée au service exclusif du peuple Nigérien pour qui, ta disponibilité, ton sens de sacrifice sont restés permanents, tant pour toi le service public est un sacerdoce de tous les instants.
A ton Pays, ton cher Niger, tu as tout donné, y compris de ta personne, convaincu que ta mission est justement d’être au service de ce peuple, notamment le monde rural, les femmes et les jeunes.
Forgé aux dures réalités de la vie et imbu des valeurs d’intégrité et de devoir, tu t’es mis , très jeune, au service de la communauté.
En effet, tu es né en 1938 à Mainé-Soroa, et après des études primaires dans cette localité, tu t’engageas, volontairement, très tôt, dans l’Armée française à compter 1er juin 1956.
Tes qualités de soldat te feront gravir les échelons d’enfant de troupe à sous-officier. Tes états de services te mèneront dans différents pays, notamment à Madagascar, en Côte d’Ivoire, au Dahomey (actuel Bénin), au Mali, en Mauritanie, au Soudan, etc.
Libéré de tes obligations à l’égard de l’Armée française le 6 février 1963, après 6 ans et 6 mois de service effectif, tu intégras les Forces Armées Nigériennes avec le grade de Sergent-chef, pour servir dans plusieurs unités du pays, notamment au CI Tondibia à la 1ère CCAS, au groupement nomade de 5ème CM de Tahoua, au PMK de Dirkou (2ème CSM d’Agadez) ou encore à la 3ème CPC de Zinder avant de prendre le Commandement du Détachement du Génie Militaire chargé de la construction de la Route de l’Unité.
Après plusieurs formations et stages, tes états de service te feront passer successivement au grade de :
- Sous-Lieutenant d’active en 1967 ;
- Lieutenant en 1969 ;
- Capitaine en 1975 ;
- Chef de bataillon en 1981 et enfin Lieutenant-colonel.
A ta demande, tu bénéficias d’une mise en position de disponibilité pour une durée d’un an à compter du 1er avril 1991 avant d’être admis à faire valoir tes droits à la retraite.
Membre du Conseil Militaire Suprême, issu du Coup d’Etat du 15 avril 1974, le président Kountché que tu admirais comme un chef modèle et qui, ayant perçu très tôt tes qualités exceptionnelles, te considérait comme une des valeurs humaines sûres sur laquelle le Niger pourrait compter.
En effet, Kountché ne s’était point trompé.
Depuis lors, ton charisme prend une dimension nationale, répondant à toutes les missions, et relevant tous les défis, partout où le devoir t’avait appelé.
Je voudrais par conséquent évoquer quelques étapes de ton parcours administratif et politique pour corroborer que toute ta vie a été au service de ton pays :
- Du 15 avril 1974 au 6 octobre 1989, tu étais Membre du Conseil Militaire Suprême (CMS) ;
- Du 7 avril 1976 au 10 septembre 1979, Préfet de Maradi (premier préfet militaire) ;
- Du 10 septembre 1979 au 31 août 1981, Ministre de l’Intérieur
- Du 31 août 1981au 10 mars 1988, Préfet de Tahoua avec rang de Ministre;
- Du 12 mai 1988 au 2 mars 1990, Ambassadeur au Nigéria avec rang de ministre ;
- Du 2 mars 1990 au 11 mars 1991, Ministre de l’Intérieur.
Pour services rendus à la Nation, tu as bénéficié des hautes décorations et distinctions honorifiques ci après :
- Chevalier de l’Ordre national du Niger au 3 août 1972
- Commandeur de l’Ordre National du Niger au 18 décembre 1983
- Grand Officier de l’Ordre National du Niger au 18 décembre 1987
- Grand Croix de l’Ordre National du Niger au 22 décembre 1999 ;
- Commandeur de l’Ordre National de la Légion d’honneur française, le 9 septembre 1982 ;
- Grand Maitre des Ordres nationaux du Niger.
Les Nigériens t’ont particulièrement découvert grâce au pragmatisme dont tu faisais preuve dans la mise en œuvre de la politique de développement régional que tu conduisais avec brio en multipliant les initiatives.
Préfet dans les départements de Maradi puis de Tahoua, tu as donné du sens et du poids à la participation du Citoyen à l’œuvre de construction nationale.
Comme Président du Conseil Régional de Développement de Tahoua, tu avais su inculquer à tes administrés la philosophie de progrès de la Société de Développement en tant que voie endogène, et authentiquement nigérienne, devant mener notre pays à son plein épanouissement.
En valorisant la fonction de cadre de commandement, tu avais révélé la dimension cachée d’acteur de développement normalement dévolu à nos autorités administratives, désormais engagés les rigueurs du travail de terrain, aux côtés des populations mobilisées dans l’œuvre de construction nationale à travers la récupération des terres dégradées, la fixation des dunes, le reboisement, la production maraichère, l’élevage, les activités génératrices de revenus…
Le Projet Keita reste un exemple typique et convaincant de ce qu’un peuple organisé, mobilisé et uni autour de son chef peut faire en termes de réalisations et de prouesses. Avec engagement et pragmatisme !
Au gouvernement, où à deux reprises tu avais eu à assumer la charge combien exaltante et délicate du ministre de l’Intérieur, tu avais fait preuve de doigté dans la gestion de notre administration territoriale tout en t’investissant dans la sécurisation intégrale du pays.
Appelé encore une fois par le devoir, tu acceptais d’aller représenter ton pays en République fédérale sœur du Nigéria en qualité d’Ambassadeur. Ce séjour, de l’avis de tous, demeure encore aujourd’hui le socle du raffermissement des relations de fraternité, d’amitié et de coopération entre nos deux pays.
A la fin de ta carrière militaire et administrative, et refusant une retraite somme toute tranquille, tu te sacrifias, comme aux premières années de ta jeunesse, à servir ton pays, cette fois-ci par un engagement politique à travers l’animation, puis la direction du MNSD Nassara, ce parti national que tu as su conduire à la victoire et donc à la gestion du pays dont le credo est de servir, de toujours servir la nation, avec loyauté, intégrité et abnégation.
Aux Nigériens, tes chers Compatriotes, tu as tout donné. Ils te le reconnaissent pour t’avoir porté aux premières loges de l’Etat. Ainsi, les Nigériens, à une écrasante majorité te confieront les destinées du pays à la suite des consultations électorales de décembre 1999.
Investi Président de la République le 22 décembre 1999 de la Cinquième République, tu plaçais déjà ton premier mandat sous le signe de la lutte contre la pauvreté et conséquemment l’amélioration des conditions de vie des populations.
Au vu d’un bilan politique et économique nettement positif, ils te renouvelleront leur confiance pour un second mandat de 5 ans en 2004.
Tu étais attaché à la Justice sociale et au respect scrupuleux des biens publics.
Homme de conviction et d’action, tu vouais un culte à la compétence, à l’excellence et à l’intégrité morale. La préservation de la paix sociale et de l’unité nationale est restée pour toi une préoccupation de tous les instants.
Pour tout dire, tu aimais le Niger, tu aimais tes Compatriotes que tu plaçais au dessus de toutes considérations et pour l’intérêt desquels tu étais prêt à tous les sacrifices.
Ton « Programme Spécial » en sera la matérialisation concrète : chaque année, le monde rural bénéficiera, dès la première année, d’importants investissements visant la construction de classes ; de cases de santé ; de puits villageois ; et de mini-barrages.
Ce programme sera judicieusement complété par des initiatives louables visant l’accès des plus démunis, notamment les femmes rurales et les jeunes, au crédit et aux activités génératrices de revenus.
Le désenclavement des zones rurales, zones de productions agropastorales, t’avait beaucoup préoccupé, de même que l’électrification de ces zones désormais sorties de l’obscurité et progressivement connectées aux sources d’énergie.
Et justement, sur la question de l’énergie, tu es resté égal à toi même, de par ton nationalisme légendaire, tu étais résolument déterminé à valoriser et à revaloriser nos ressources naturelles.
Tu as tenu à faire du Niger un pays pétrolier et accélérer par ce fait son développement économique par une ouverture et une diversification de nos partenaires désormais invités à prendre en compte les intérêts du Niger et de son peuple.
Pendant ton magistère, le pays a connu la paix et la sécurité. Bravant tous les défis, et privilégiant le dialogue entre frères, tu as réussi à faire déposer les armes par les frères entrés en rébellion.
Pour les Nigériens, pour la Jeunesse Nigérienne, qui t’a depuis donné le surnom très affectueux et significatif de « Baaba Tandja », tu es le « Père de la Nation ». Ce qui veut tout dire en termes de respect et de considération dans un contexte culturel marqué par le respect dû à la fois aux anciens et aux parents..
Les Enseignants-Contractuels n’oublieront jamais l’heureuse mesure d’augmentation de leurs pécules que tu avais décidée ainsi que leur intégration sans concours à la fonction publique.
Les Etudiants se souviennent encore de la création des Instituts Universitaires de Technologie, la dotation du Centre des Œuvres universitaires en bus et la construction de plusieurs infrastructures, ainsi que l’institutionnalisation de l’Aide sociale pour leurs camarades non-boursiers.
Enfin, pour préserver la paix et la stabilité institutionnelle dans le pays, tu avais créé des Cadres idoines de dialogue social et politique (CNDS et CNDP).
Au regard de toutes ces réalisations d’intérêt national, le peuple te reste reconnaissant.
C’est à ce peuple nigérien éploré que tu manques aujourd’hui.
C’est à ta famille inconsolable, tes épouses Hadjia Laraba et Hadjia Fati, privées de ton affection, tes enfants Mariama, Hadiatoulaye dit Papa, Fati, Yagana, Aicha, Oumarou dit Gober, Kadi, Haoua dite Koulouwa, Aminata et Halima aujourd’hui éprouvés par ta disparition, nous présentons nos condoléances attristées et les assurons de notre compassion et de notre soutien fraternel.
Avec ton rappel à Dieu, c’est tout le pays, pour qui tu restes un patriote convaincu et un dirigeant visionnaire, qui devient orphelin.
Puisse cette Terre Natale de Mainé-Soroa, qui t’a vu naître et grandir, t’être légère.
Puisse Allah, le Clément, le Très Miséricordieux t’accueillir dans Son Paradis Eternel. Amine
Adieu, Président Mamadou Tandja !
Adieu Baaba Tandja ! Repose en paix !
Par S.E MAMANE OUMAROU